Si, en islam, tout est écrit, l’homme peut cependant modifier son destin, par ses prières.
par Bachir BOUKHZER
Le principe de
base est de savoir que Dieu a un savoir infini et illimité. Il sait par
avance tout ce qui va se passer et qui est consigné dans un livre.
C’est le sens de l’expression Mektoub, c’était écrit. Cela ne veut pas
dire que tout ce qui arrive est l’œuvre de Dieu car l’homme reste
libre. Ce n’est pas Dieu qui a imposé aux criminels et aux incroyants
leurs actions, mais il sait comment ils vont se comporter et ce qui va
se produire. C’est comme un père qui donne une pièce à chacun de ses
trois garçons. Il connaît ses enfants et il sait que le premier va
s’acheter un ballon, le second des bonbons et que le troisième va
mettre la pièce dans une tirelire. Lorsqu’ils le font, ce n’est pas le
père qui a obligé ses enfants à se comporter comme ils l’ont fait, mais
il connaissait leur comportement. C’est ainsi que nous associons la
croyance au destin avec la responsabilité humaine. Même si tout est
écrit, tout n’est pas figé, car l’homme peut modifier le destin, par
ses invocations. Les invocations sont les prières libres que nous
ajoutons aux prières rituelles et qui permettent de contrer le malheur.
Une invocation profonde et sincère peut arrêter le malheur, ou
l’atténuer. S’opère alors une interaction entre la personne et ce qui
est écrit.
L’équilibre de la créationLa question du destin est
souvent posée face aux catastrophes naturelles comme le tsunami ou les
tremblements de terre. Les phénomènes naturels ne sont pas des
punitions de Dieu, ils procèdent de l’équilibre de la création. Le
cosmos est comme un organisme vivant qui a son indépendance. Lorsque
notre corps sécrète de la bile pour permettre la digestion ou de
l’insuline pour réguler notre taux de sucre, il le fait de lui-même car
il a été créé avec cette fonction. Il en est de même des phénomènes
naturels comme le vent et la pluie qui procèdent de l’équilibre de la
création. Dieu a donné à l’homme l’intelligence et la sagesse pour ne
pas bâtir dans des zones dangereuses et pour se protéger de la violence
de la nature. Il appartient à ce dernier de prendre toutes les
précautions nécessaires dans un monde fait de causes et d’effets. Pour
ce qu’on ne peut prévoir et ce sur quoi on ne peut agir, il nous reste
à nous en remettre à Dieu. Cela nous permet d’être serein et confiant
pour notre avenir.
Pour les maladies ou les accidents, il y a deux types de
réponses. D’abord, il y a les maladies dont nous sommes responsables.
Si nous fumons trois paquets de cigarettes par jour et que nous avons
un cancer, ou si nous roulons à une vitesse excessive et que nous avons
un accident, cela est de notre responsabilité. Les maladies dont nous
ne sommes pas responsables sont des épreuves envoyées par Dieu à ceux
qu’il aime afin de les purifier. Un jour, une femme est allée voir le
Prophète pour lui dire qu’elle était particulièrement aimée de Dieu
puisqu’elle n’était jamais malade. Le Prophète lui a répondu : « Si
Dieu vous aimait autant que vous le dites, il vous aurait envoyé des
maladies pour vous permettre de vous rapprocher de lui. » La maladie
provoque un désir sincère de Dieu qui nous aide à nous améliorer. Comme
Dieu est parfaitement juste, en envoyant des épreuves, il allège nos
fautes pour que nous puissions aller au paradis.
Un précepte de l’islam dit que Dieu guide celui qui le veut
bien. Cela veut dire qu’il y a deux façons de guider les hommes. La
première est universelle, elle se trouve dans les textes et
l’enseignement des sages, elle nous dit ce qui est bien et la façon
dont nous devons nous comporter. A partir de ce premier guide, nous
sommes appelés à faire des efforts pour chercher Dieu et vivre selon
les préceptes de l’islam. Ce que Dieu donne en particulier à ceux qui
s’approchent de lui, c’est d’aimer ses commandements, de vivre en
harmonie avec ce qu’Il demande. Lorsque, dans les prières, nous
demandons à Dieu de nous guider, nous lui demandons de nous faire aimer
la religion et ses voies. Ceux qui s’éloignent de Dieu perdent le goût
de ses commandements.
Cette part de liberté laissée à l’homme montre que la
croyance musulmane que tout est écrit n’entraîne pas le fatalisme. Il
appartient au musulman de comprendre les enseignements du Prophète et
de les suivre avec confiance